Une publication sur la page Facebook « Tam-tam d’Afrique », affirme que l’Union Européenne (UE) bloque plus de 30 milliards de dollars américains appartenant aux « criminels » cités dans le rapport Mapping des Nations-Unies. Méfiez-vous, il s’agit d’une fausse nouvelle.

« RDC : L’Union Européenne bloque plus de 30 milliards de dollars, l’argent appartenant aux criminels du Rapport Mapping. Les manœuvres de transfert vers la RDC sont en cours », lit-on sur cette page. Une publication devenue virale avec plus de 440 mentions j’aime, plus de 280 partages et une centaine de commentaires.

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Démenti de l’Union Européenne en RDC

Pour vérifier cela, Congo Check a contacté l’ambassadeur de l’Union Européenne en République Démocratique du Congo, qui a balayé d’un revers de la main ces allégations et brandi plusieurs raisons qui prouvent que l’information est fausse.

Premièrement, Jean-Marc Châtaignier affirme que c’est inexact pour plusieurs raisons notamment, le fait que les violations des droits de l’homme en RDC mentionnées dans ce rapport ne constituent pas une enquête judiciaire.

« Le Rapport Mapping est un rapport établi par l’ONU de monitoring et de cartographie des violations massives des droits humains commises en RDC pendant la période 1993-2003, et ne constitue pas une enquête judiciaire. Il comporte des descriptions de faits, des lieux, des dates, des communautés victimes, et liste les sources d’informations disponibles. Toute information obtenue sur l’identité des auteurs présumés de certains des crimes répertoriés n’apparaît pas dans le rapport proprement dit mais est consignée dans la base de données confidentielle du Projet remise à la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme », a-t-il déclaré à Congo Check.

En deuxième lieu, ce diplomate justifie le fait que l’Union Européenne n’a pas accès à la liste des protagonistes et auteurs des faits décrits dans ce rapport, et donc, ne peut pas initier des mesures à l’encontre de ces protagonistes.

« La liste nominative des protagonistes et auteurs présumés des faits décrits dans le Rapport Mapping est inaccessible au public. L’Union européenne n’a pas eu accès à cette liste et n’a donc pu prendre aucune mesure à l’encontre des personnes qui y identifiées comme de graves violateurs de droits humains », a-t-il poursuivi.

En troisième lieu, Jean-Marc Châtaignier affirme que si l’UE avait pris des mesures contre les criminels cités dans le Rapport Mapping, ces mesures auraient été communiquées, de manière officielle, comme cela a été fait avec les violences pré-électorales en 2018.

« Si des mesures avaient été prises par l’Union européenne pour geler les avoirs de ces personnes ou leur interdire de voyager (comme cela a été le cas dans les années plus récentes pour des personnalités qui ont commis des violations de droits de l’Homme dans le contexte pré-électoral de l’élection présidentielle de décembre 2018 ou se sont opposées à celui-ci), elles auraient évidemment été publiées, à l’issue d’un processus de consultation contradictoire et d’une décision officielle du Conseil européen. Ce n’est pas le cas (pour rappel, les mesures individuelles restrictives concernent aujourd’hui 11 personnes, mais pour des faits postérieurs qui n’ont rien à voir avec le rapport Mapping) », rassure l’Union Européenne.

Dans ce cas de figure, Congo Check remarque qu’en février 2018, l’Union Européenne a publié des sanctions visant 15 personnalités politiques de la RDC qui sont proches de l’ancien président Joseph Kabila Kabange.

L’UE avait pris des mesures restrictives à leur égard, notamment le gel des avoirs et l’interdiction d’entrée et de séjour sur le territoire Européen. Ces proches de Kabila étaient accusées « d’entraves au processus électoral » et de « violations des droits de l’homme » dans le pays.

Il s’agit d’Emmanuel Ramazani Shadary, ex-ministre de l’Intérieur ; Lambert Mende, ex-porte-porte du gouvernement ; Évariste Boshab, ex-ministre de l’Intérieur ; Kalev Mutond, ex-chef de l’Agence Nationale de renseignements (ANR) ; Jean-Claude Kazembe, ancien gouverneur du Haut-Katanga ; Alex Kande, ancien gouverneur du Kasaï-Central ; Roger Kibelisa, chef du département de la sécurité intérieure de l’ANR ; Delphin Kahimbi, ex-chef de renseignement militaire (d’heureuse mémoire) ; John Numbi, ancien patron de la Police ; Célestin Kanyama, ex-commandant de la police dans la ville de Kinshasa ; Ferdinand Ilunga Luyoyo, chef de l’unité anti-émeutes de la police ; Gabriel Amisi alias « Tango Four », commandant dans la première zone de défense de l’armée ; Ilunga Kampete, commandant de la Garde républicaine ; Muhindo Akili Mundos, ancien commandant des opérations de l’armée contre les rebelles ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF) et Éric Ruhorimbere, commandant adjoint de la 21e région militaire au Kasaï, dans le centre de la RDC.

Certaines de ces personnalités ont été retirées de cette « liste noire ». Il n’y reste que 11 personnes.

En outre, l’UE dit rester très ouverte à toute éventualité de coopération avec la justice Congolaise pour poursuivre les auteurs des crimes en RDC, et d’après l’ambassadeur, l’arrestation récente de Roger Lumbala à Paris, confirme cet engagement.

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