• Après l’annonce de la construction des routes à l’est de la République Démocratique du Congo par la décision du conseil des ministres Ougandais tenue le 28 septembre au State House d’Entebbe, plusieurs théories de complot inondent les réseaux sociaux sur ce projet.
  • Des internautes affirment que l’Ouganda va construire des routes dans la partie orientale de la RDC afin d’affirmer sa souveraineté sur ce territoire ou de contrôler les ressources naturelles de cette région.
  • Pourtant ce projet d’intégration régionale ne connaîtra qu’une contribution de 20% par l’Ouganda qui veut faciliter les échanges commerciaux avec les régions orientales de la RDC, estimés à plus de 500 millions de dollars américains par an, attestent les recherches menées par Congo Check.

Dans son point 4, le compte rendu du conseil de ministres de l’Ouganda du 28 septembre souligne qu’il été approuvé “la construction et la modernisation de la route nationale de la section Kasindi (frontière) à Beni (80 km) et l’intégration de l’axe Beni-Butembo (54 km) à la route nationale; et la route Bunagana (frontière) –Rutshuru-Goma (89 km) au motif que le projet profitera au gouvernement et au peuple ougandais grâce à l’interconnectivité économique qui fournirait: (i) Amélioration de la mobilité et de la facilité des affaires; (ii) Amélioration de l’interconnectivité entre les peuples des deux pays; (iii) Amélioration de la sécurité dans l’est de la RDC; et (iv) Accroissement (amélioré) du commerce et des investissements” peut-on lire sur ce compte rendu disponible via ce lien.

Plusieurs théories de complot

À la publication de ce communiqué et suite à plusieurs autres sorties des autorités ougandaises en lien avec le projet, des internautes congolais, particulièrement proches de l’opposition ont annoncé un accomplissement de la balkanisation de la partie orientale par ce projet.

“Lors du 58ème anniversaire de l’indépendance de l’Ouganda, avec déjà 34 ans au pouvoir, le président Ougandais Son Excellence Yoweri Museveni dans son discours a dit ceci, selon la Radio Star FM: l’autre jour là, j’ai entendu des membres du parlement poser des questions, pourquoi construire la route en RDCongo alors que nous avons des mauvaises route ici? Mes camarades, ces affaires ne sont pas a discuter ici, ils doivent se parler dans notre chambre, à l’intérieur de notre maison entre nous-mêmes.
Mais toute fois ceux-là qui ont soulevé des telles questions ne sont pas sérieux. L’Ouganda a urgement besoin de la route Bunagana- Goma même si les gens à Goma ont aussi besoin de cette route. L’Ouganda fait entrer 500 millions de dollars chaque année grâce a cette route, il nous faut la construire vite, c’est pour l’intérêt de notre business. Et après avec cet argent nous pouvons alors construire nos routes ici en Ouganda”
reprend sur son compte Facebook Kulihoshi Musikami Luke Pecos, activiste de droits de l’homme et président de la Foundation People for Peace and Defence of Human Rights.

“Une Révélation que les Congolais doivent suivre des près et demander des explications au Président Félix Tshisekedi. Que ce que le Président Museveni connait qui doit se discuter seulement dans la chambre a propos de cette route? Où est notre souveraineté si la route Bunagana-Goma sera construite par l’Ouganda? Pourquoi cette route n’est pas construite par la RDC avec un appui de l’Ouganda ? Et pourquoi chercher l’appui de l’ Ouganda, et ne pas imposer des taxes sur les produits de l’Ouganda qui entrent en RDC et l’argent mobilisé pourra être utilisé pour construire cette route?” s’indigne l’activiste.

Une autre réaction plus critique vient de Fredrick Wangabo Mwenengabo, ambassadeur auprès des Nations Unies des organisations de la société civile, défenseur de la paix et des droits de l’homme et directeur exécutif de l’Association d’Afrique de l’Est et du Centre pour les droits des autochtones.

“Il y a deux jours, lors d’une réunion au State House, Entebbe, le Cabinet des ministres ougandais a autorisé le gouvernement ougandais à construire et à améliorer les routes à l’intérieur de la République démocratique du Congo (RDC) comme suit: Kasindi – Beni (80 km), Beni – Axe Butembo (54 km), Bunagana – Rutshuru – Goma (89 km). Cela augmentera le transport des matériaux (par exemple, les minéraux, le cacao et le bois, etc.) pillés en RDC. Comment le gouvernement ougandais peut-il prendre une décision énorme comme celle-ci sans le consentement du peuple congolais?” introduit-il sous un ton de colère, rjoutant que l’ancien président Joseph Kabila et son successeur Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo sont au service de leurs maîtres tels que Yoweri Museveni, Paul Kagame et tous les autres occupants et qu’ils travaillent pour faire avancer les intérêts des envahisseurs et non ceux des Congolais ordinaires.

“Ensuite, plus que les Congolais, je pense que les Ougandais ont besoin que ces routes soient construites dans leur pays et, comme les Congolais, ils ont également besoin de services de base, comme les soins de santé, la nourriture et l’éducation, etc. Museveni et Kagame sont toujours occupés à explorer d’autres moyens de s’enrichir et de causer plus de morts en RDC” poursuit-il.

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L’Ouganda contribuera à près de 20% de la réalisation du projet

Se livrant au média américain Associated Press, Katumba Wamala, ministre ougandais des travaux et des transports a indiqué que l’Ouganda contribuera à environ 20% de la valeur du projet tandis que le reste sera pris en charge par le gouvernement congolais dans le cadre d’un partenariat public-privé envisagé.

“Un tel arrangement est inconnu dans une région où les gouvernements peinent à étendre les réseaux routiers à l’intérieur de leurs frontières. Malgré sa grande taille et sa richesse en ressources naturelles, le Congo reste l’un des pays les plus pauvres du monde. L’est du Congo est particulièrement touché par la violence des rebelles” écrivait le média américain le 29 septembre dernier.

«Il y a toujours une première fois pour tout », a déclaré Wamala cité par Associated Press. «C’est un projet conjoint entre les deux pays et il y a une très bonne raison à cela.»

Le bureau du porte-parole du gouvernement ougandais a déclaré dans un communiqué qu’une réunion du Cabinet avait autorisé le revêtement ou la modernisation de la route reliant la frontière à la ville congolaise de Beni ainsi que la route reliant le poste frontière de Bunagana à la ville de Goma. Les projets stimuleront les investissements et amélioreront la sécurité dans l’est du Congo, indique le communiqué.

La RDC confirme son implication dans le projet et la décision judiciaire entre la RDC et l’Ouganda n’est pas encore prononcée par la CIJ

Un membre de la commission congolaise qui participe aux travaux bilatéraux de ce projet a signifié à Congo Check que la RDC participe pleinement aux discussions et est partie prenante au projet.

“Ce projet n’est pas l’émanation des ougandais plutôt de la coopération bilatérale RDC-Ouganda par un montage financier. Je suis membre de la commission au même titre que mon collègue de l’Ouganda” déclare-t-il au nom de la commission congolaise.

Pour les internautes qui indiquent que ces travaux sont exécutés par l’Ouganda dans le cadre d’indemnisation pour les dégâts commis en RDC par son armée, il faut noter que le dossier judiciaire entre les deux pays n’a jamais connu de verdict.

Dans un communiqué publié le 22 septembre 2020, la Cour Internationale de Justice avait décidé de faire procéder à une expertise, conformément au paragraphe 1 de l’article 67 de son Règlement, en l’affaire des Activités armées sur le territoire du Congo (RDC contre Ouganda)

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Fiston MAHAMBA
K. MAHAMBA WA BIONDI, connu sous le nom de plume "Fiston Mahamba Larousse" est diplômé en sciences de l'environnement et développement durable à l'Institut Supérieur de Développement Rural à Beni. Journaliste basé dans la partie Orientale de la République Démocratique depuis 2012, il s'est forgé dans l'exercice de ce métier après plusieurs formations de journalisme au Deutsche Welle Akademie, le centre de développement médias de la radiodiffusion publique Allemande. En 2018, il s'inscrit à l'École Supérieure de Journalisme de Lille pour parfaire une licence en journalisme multimédia. Ancien officier de communication au sein des Nations Unies, il poursuit un Master2 en Techniques des Métiers de l'Information à l'Université Nazi Boni (Burkina Faso) /Université Lumière Lyon (France). Son livre "Ebola: Fixers, ces boucliers non immunisés" est en cours d'édition. Journaliste et chercheur spécialisé sur la région orientale de la République Démocratique du Congo et les Grands-Lacs africains, ses études se focalisent sur les ressources naturelles, la santé, les conflits... Ses domaines de travail journalistique sont orientés vers l'environnement, le développement, l'emploi, les nouvelles technologies, l'agriculture, la politique, la culture,... qu'il couvre en écriture et images.

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